Vous souhaitez passer au No Estimate ? Commencez par mesurer !

Qui n’a pas connu la fameuse injonction de devoir estimer le travail à effectuer en jours/homme (j/h), notamment dans le monde de l’ingénierie logicielle.

Les estimations en jours-hommes, bien que couramment utilisées, présentent des défauts notables. Elles souffrent souvent d’imprécision, d’optimisme excessif, et créent une pression sur les équipes, surtout lorsque ces estimations deviennent irrémédiablement des obligations d’engagement rigides, sans tenir compte du besoin de s’adapter aux changements et en étant un frein à la création de valeur pour le client.

Dans le monde dynamique du développement logiciel, de plus en plus d’organisations sont attirées par le principe du « No Estimate » pour gagner en flexibilité et agilité.

Cependant, l’atteinte de ce saint Graal nécessite une préparation minutieuse, et une des pierres angulaires pour réussir cette transition est la mise en place de mesures et d’indicateurs pertinents.

Cet article explore l’importance cruciale de la mesure pour les organisations aspirant au « No Estimate » et offre des perspectives sur la manière dont une approche axée sur des données pertinentes et une mesure de flux peut être la clé du succès.

Le « No Estimate » c’est quoi ?

Il n’y a pas d’origine officielle au mouvement « No Estimate ». On peut retracer ses origines à travers plusieurs influences et expériences au sein de la communauté agile, dans la recherche de moyens plus efficaces de créer des produits apportant plus de valeur aux clients.

L’idée fondamentale derrière le « No Estimate » découle de la remise en question des méthodes traditionnelles d’estimation en jours-hommes ou en points de fonction, souvent considérées (à juste titre) comme inexactes, sujettes à l’optimisme excessif et incapables de s’adapter rapidement aux changements dans les exigences de création d’un produit.

En évitant la fixation rigide d’échéances, Les équipes qui adoptent cette philosophie cherchent à créer des processus plus flexibles, à minimiser la pression liée aux délais stricts, en favorisant ainsi la créativité, l’innovation et une meilleure réactivité aux changements.

Cependant, pour que cette méthode soit efficace, elle ne doit pas être une excuse pour l’absence de mesure, mais plutôt un appel à repenser la façon dont nous mesurons le progrès et la performance du flux de création de valeur.

La nécessité de mesures pertinentes

Le « No Estimate » ne signifie pas l’abandon total de la mesure. Au contraire, il souligne l’importance de mesurer ce qui compte réellement.

Les organisations doivent identifier les indicateurs qui reflètent fidèlement l’avancement des projets, la qualité du travail réalisé et la valeur délivrée aux clients.

Plutôt que de se concentrer uniquement sur les délais et les coûts, ces mesures devraient mettre l’accent sur la satisfaction du client, la fréquence des livraisons et la capacité d’adaptation aux changements.

Quelles sont les principales mesures de flux ?

  • Lead Time (LT – Temps de Traversée) : Cet indicateur permet de mesurer le temps nécessaire à la livraison d’une demande, de sa création à sa mise à disposition. Par exemple, le temps nécessaire entre le moment ou vous commander votre produit et celui où il vous est livré en main propre.
  • Reaction Time (RT – Temps de Prise en charge) : Cet indicateur permet de mesurer le temps nécessaire à la prise en charge par l’équipe de votre demande. Imaginez que vous passiez votre commande le lundi. Celle-ci ne sera pas automatiquement traitée ce jour la si l’équipe est déjà occupée sur d’autres tâche. Si celle-ci est prise en charge le mercredi, alors votre Reaction Time sera de 2 jours.
  • Cycle Time (CT – Temps de Cycle) : Il représente le temps nécessaire à la réalisation d’une demande, dès que celle-ci est prise en charge par l’équipe. Vous pouvez mesurer le Cycle Time de toutes les étapes de traitement, mais également mesurer le CT sur chacune des étapes de votre flux, afin d’identifier à quel moment votre équipe passe le plus de temps sur un sujet et ainsi étudier comment réduire le temps de flux.
  • WIP (Work In Progress – Travail en cours) : Le WIP permet de mesurer, à un instant donné, l’encours de votre flux de valeur, c’est-à-dire le nombre d’éléments en cours de traitement. C’est un indicateur très utile pour vérifier sur l’encours est compatible avec la capacité à faire de l’équipe.
  • Throughput (Débit) : Permet de mesurer la quantité de travail achevé sur une fréquence donnée (heure, jour, mois, …). Cela permet d’évaluer l’efficacité de l’équipe en termes de livraison continue de fonctionnalités.
  • Aging (Vieillissement des demandes) : Le Aging permet de définir depuis combien de temps une demande est présente dans le flux de valeur et ainsi identifier les demandes en stagnation ou bloquées.

Comment ces mesures vont vous permettre d’améliorer votre prédictibilité ?

Chacun de ces indicateurs est un élément vous permettant de mesurer la performance de votre flux d’activité et de vérifier le niveau de qualité de votre prédictibilité, notamment en déterminant si vous êtes dans un flux « perturbé » ou « stable ».

Ils vous permettront également d’effectuer des projections via notamment la Simulation de Monte-Carlo (technique statistique utilisée pour modéliser le comportement probable d’un système complexe par le biais de la génération de nombre aléatoire basé sur un historique de débit par exemple).

Autre exemple, pour les équipes Scrum qui estiment en Story Point et qui souhaitent vérifier la pertinence de ces mesures ou passer à un mode Kanban, vous pouvez utiliser la mesure du Cycle Time par valeur de Story Point.

Dans cet exemple, imaginons que l’équipe a un sprint de 2 semaines, soit 14 jours calendaires. Le graphique indique que les demandes entre 0 et 5 points sont réalisées dans la période d’un sprint, alors qu’à partir de 8 points le risque est grand de ne pouvoir traiter le sujet durant le sprint. Cela permet à l’équipe d’affiner son engagement et le niveau de granularité attendu des demandes.

Wiveez au service du « No Estimate »

Pour faciliter la transition vers le « No Estimate », l’utilisation d’une application digitale comme Wiveez devient essentielle.

Wiveez permet d’extraire des données de Jira pour créer des tableaux de bord et des graphiques personnalisés.

Cela offre une visibilité en temps réel sur les métriques cruciales, permettant aux équipes et aux dirigeants de prendre des décisions éclairées basées sur des données concrètes.

La propreté des données comme impératif

Pour que les mesures soient significatives, la propreté des données est impérative.

Des données erronées ou obsolètes peuvent fausser les analyses et conduire à des décisions inappropriées.

L’importance de maintenir une base de données propre et à jour ne peut être surestimée.

Lire l’article « Vous souhaitez mesurer ? Commencez par ranger votre chambre !« .

Conclusion

Passer au « No Estimate » n’est pas une fuite face à la mesure, mais plutôt une réorientation vers des mesures plus intelligentes et significatives.

En adoptant une approche axée sur la qualité des données et du flux de valeur, les organisations peuvent véritablement libérer leur potentiel créatif tout en maintenant le contrôle sur leur progression.